Le « Bac Pro 3 ans » se généralise sur l’ensemble du territoire

Ca y est ! Après quelques tentatives ici ou là, le « Bac Pro 3 ans » se généralise sur l’ensemble du territoire. A peine mis à flot, les premières avaries apparaissent : de nombreux élèves n’ont pas été orientés dans les filières de leur choix faute de place. Pire, d’autres n’ont même pas eu de place du tout. Les nouveaux bac pro 3 ans prennent l’eau de partout.

Pourquoi vouloir changer de cap ?

Jusqu’à l’année dernière, il existait des CAP, des BEP et des bac Pro avec des cycles en 4 ans. Aujourd’hui, Badaboum, ces cycles ont été réduits en peau de chagrin de 3 ans. Des filières entières de BEP ont purement et simplement été envoyées par le fond ! L’accès à certains CAP devient plus limité. Le résultat s’est fait sentir dès la rentrée : des classes manquantes (et aussi des prof) et un nombre d’élèves -encore difficilement quantifiable- sur le carreau (pas celui de BEP carreleur en tout cas !).

Cette réforme touche 700 000 élèves (soit un lycéen sur 3). Sans être une bête des math, on comprend aisément que le passage du Bac Pro de 4 ans à 3 ans laisse en rade une partie, somme toute importante, de jeunes.

Des jeunes non scolarisés pour manque de place

Pour exemple, cette jeune fille –que l’on nommera J.- qui est depuis la rentrée sans affectation… Bizarrement, cela lui manque. Elle est déscolarisée en raison de la surcharge des classes. En seconde l’an dernier, elle a voulu se réorienter vers un BEP sanitaire et social. Bien qu’ayant le profil, sa candidature a été refusée par manque de place. L’administration de son lycée lui propose simplement de redoubler sa seconde, mais sous d’autres cieux. Motif : le paquebot coule sous des effectifs pléthoriques. Résultat : J. est à l’heure actuelle sous anti-dépresseur. J. est loin d’être un cas isolé, des centaines d’élèves n’ont pas de place en lycée professionnel et –eux aussi- doivent redoubler leur classe de 3ème. Le summum est atteint en Seine-St-Denis où 300 dossiers ont été perdus par le rectorat, des enfants sont sans affectation.

Des élèves “en rade” de stage

Plus près de nous, au lycée Dupuy de Lôme à Brest, en Bac ProTB2A (technicien d’étude en bâtiment), sur 19 élèves sensés être en stage en ce moment (on pourrait discuter de l’intérêt d’un stage si tôt dans l’année), 7 en sont dépourvus. De plus, 5 semblent en grande difficulté et 2 souhaitent une réorientation.

Pour conclure, on pourrait s’interroger sur l’intérêt de cette réforme : loin d’élever le niveau de formation des élèves, loin d’éviter de faire sortir les élèves du système scolaire sans diplôme (750 000 au total). Sud-Education dénonce cette réforme qui se traduit par des fermetures massives de classes. Elle va surtout permettre de poursuivre l’objectif du gouvernement : le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans l’Education Nationale.